Première étape de la décentralisation de cette exposition qui a connu son succès à la Maison de la Culture de Namur, «Derma, l'encre dans la peau» sera visible au Centre Culturel de Ciney du 10 au 24 janvier prochain. Créée par le Service de la Culture de la Province de Namur, elle aborde ce véritable phénomène de société qu'est devenu le Tatouage.
Le tatouage est pratiqué depuis plusieurs milliers d'années dans de nombreuses régions du monde. Il peut être réalisé pour des raisons symboliques, religieuses, thérapeutiques mais aussi esthétiques. Dans plusieurs civilisations, il est même considéré comme un rite de passage en raison de la douleur endurée lors de la réalisation du motif.
Banni par la religion, le tatouage a eu en Europe et durant très longtemps une bien mauvaise réputation. Il est devenu synonyme de marginalité et d'exotisme, au sens péjoratif du terme : les détenus, plus particulièrement les bagnards, en étaient adeptes et les marins aussi, qui le redécouvrirent au contact des populations du Pacifique Sud. Jusqu'aux années 80, il est resté associé aux milieux underground, notamment musicaux. Aujourd'hui, il a acquis ses «titres de noblesse» et concerne toutes les classes sociales. Aucune profession n'échappe au phénomène, même les plus « respectables », tels les banquiers, hommes d'affaires ou politiciens.
Même s'il n'est pas encore reconnu comme un art à part entière, le tatouage, comme avant lui la bande dessinée ou le street art, entre au musée, dans les galeries ; la profession compte de plus en plus de graphistes et de diplômés en art, qui arrivent avec leur bagage culturel et visuel, participent au renouvellement esthétique et iconographique de la pratique et revendiquent le statut d'artiste. Avec eux, le tatouage a investi depuis quelques années le champ de l'art contemporain. En prenant le corps pour le support, en le transformant en œuvre d'art vivante, il pose avec acuité la question de l'engagement corps et âme de l'artiste. Un vocabulaire propre, qui diffère selon les pays ou même les groupes concernés, a été créé pour désigner les styles et les techniques. En effet, comme les autres formes d'art, le tatouage a maintenant développé ses propres courants : traditionnel ou pictural moderne, tribal ou réaliste, pointilliste ou gothique...
Le tatouage pose de multiples questions, au-delà de son appartenance aux champ de l'art et de l'esthétique. Traduit-il une volonté de marquer son identité ou son appartenance à une tribu ? Représente-t-il une réappropriation du corps à un moment où l'on se cherche ? Exprime-t-il le désir de marquer certains moments clés de l'existence (rencontre amoureuse, moments heureux ou deuil) ? Permet-il d'exprimer ses valeurs ? Peut-il réduire à un phénomène de mode, ne serait-il arboré qu'à l'imitation de stars du sport, de la musique et du cinéma ? Quelles sont les motivations des tatoués ? Et des tatoueurs ? Quel est le regard sur l'autre ? Cette exposition ne prétend pas vous apporter de réponses toutes faites mais vous propose quelques pistes de réflexion...
L'exposition comporte une série de panneaux pédagogiques traitant de différents aspects du tatouage : historique, ethnique, artistique, technique, mode, santé-hygiène... on peut également y voir des capsules vidéos de tatoueurs et de tatoués, des vitrines avec du matériel du matériel d'hier et d'aujourd'hui, d'ici et d'ailleurs, des livres sur la thématique. Sans oublier les très belles photos grand format de Charles Lemaire, qui aborde le tatouage avec une démarche artistique.
Des animations pour le public secondaire et adultes en insertion sont prévues durant les deux semaines.
A noter également à vos agendas : pas de vernissage mais un moment de rencontre en soirée le mercredi 14 janvier à 19h00, avant la projection (à 20h00, au théâtre communal) du film «The Broken Circle Breakdown» de Felix Van Groeningen, une histoire d'amour poignante entre Elise et Didier. Elle possède son propre salon de tatouage, lui joue du banjo dans un petit groupe. C’est l’amour au premier regard bien que tout les oppose. Il parle, elle écoute. Il est athée mais aussi un incorrigible romantique. Elle porte une croix tatouée dans la nuque mais reste toujours les pieds sur terre. Quand nait leur fille Maybelle, leur bonheur est complet. Mais à 6 ans, Maybelle tombe gravement malade. Didier et Elise réagissent tout à fait différemment, mais Maybelle ne leur laisse pas le choix : ensemble, ils doivent se battre pour elle. Est-ce possible alors qu’ils sont si différents ? Ou l’amour les abandonnera-t-il au moment où ils en ont le plus besoin ? «The Broken Circle Breakdown» est un mélodrame intense, plein de passion et de musique. Et comment l’amour peut ou ne peut pas vaincre la fatalité.
En pratique
Exposition «Derma – L'encre dans la peau», du 10 au 22 janvier 2015
au Centre Culturel de Ciney – Place Roi Baudouin 1 –Ciney
L'exposition est accessible du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 17h et le samedi matin de 9h30 à 12h30.
Entrée libre.
Moment de rencontre dans l'expo : le mercredi 14 janvier à 19h avant la projection du film «The Broken Circle Breakdown » de Felix Van Groeningen au Théâtre de Ciney à 20h00.